Le printemps dernier nous avons accueilli dans notre îlot une dizaine de ruches Dadant, et
nous avons pu profiter de quelques kilos de miel produit par nos abeilles.
Ce week-end à L’Îlot, un stage d’apiculture et d’auto-construction de ruches a été initié sous
la direction de Stéphane Bonnet, apiculteur amateur depuis cinq ans en ruche Warré.
Grenoblois d’origine et graphiste de profession, c’est grâce à un atelier proposé dans le cadre du « mouvement des Villes en Transition » que Stéphane est rentré dans le monde des abeilles.
Sa démarche qui partait d’une écologie militante a aboutit à une forme d’écologie pratique
comme il nous l’explique. Plusieurs stages auprès de Gilles Denis, apiculteur professionnel en Warré en Ardèche, l’ont convaincu des bienfaits et des avantages de cette approche.
Stéphane est bénévole à l’Ilot depuis son arrivée au Creusot, et dès le départ nous a fait part de son souhait de s’investir dans la gestion de nos ruches. Aujourd’hui, il nous a transmis sa passion, son savoir et ses techniques, tout en douceur – car les abeilles demandent beaucoup de douceur – et nous a aidé dans notre transition vers l’apiculture douce en Warré.
Particularités des ruches Warré
Même si pour lui cette ruche n’est pas la ruche parfaite, et qu’il n’y a pas qu’une seule façon
de pratiquer l’apiculture écologique, elle présente pour le particulier beaucoup d’avantages et serait plus en adéquation avec ses valeurs et celles de notre site.
Son nom lui vient de celui qui l’a élaborée : l’abbé Émile Warré. Ce dernier souhaitait une
ruche plus simple d’utilisation et qui soit plus proche des conditions naturelles de
l’abeille, tout en étant pratique pour l’apiculteur et accessible à tous. Son objectif n’était donc pas de faire du profit ou d’obtenir une grande productivité.
Stéphane dit volontiers qu’il préfère favoriser la santé de l’abeille plutôt que de l’assister
dans ses pathologies. Même s’il a conscience que les besoins et les contraintes d’un amateur ne sont pas ceux d’un professionnel, la grande exploitation actuelle des abeilles et les méthodes utilisées ne participent pas à leur bonne santé.
À titre d’exemple, nourrir l’abeille par des aliments synthétiques (non naturels ?), est loin
d’être idéal pour elles, alors qu’elles sont sensées passer l’hiver sur leurs propres réserves de miel, comme elles le font depuis des millénaires. Pour éviter cela nous devons notamment réfléchir sur notre consommation.
Comment réduire nos récoltes ?
En modifiant nos habitudes alimentaires. Il faut savoir que le miel contient des valeurs
nutritives élevées qui ne sont préservées que s’il est ingéré pur et non mélangé à d’autres
aliments comme le pain.
Il soigne certaines pathologies en hiver et il est utilisé aujourd’hui dans les hôpitaux pour les
brûlures et faciliter les cicatrisations. Il possède également d’autres vertus au même titre que tous les produits de la ruche.
Avoir un rucher pour un particulier est-ce possible ?
Oui, si l’on tient compte de la flore qui nous entoure et dont l’abeille est dépendante. C’est
possible également en ville mais en prenant soin de ne pas déséquilibrer la biodiversité en
créant une soudaine concurrence sur les ressources.
Pour se lancer en amateur une ruche n’est probablement pas suffisante. En effet, avec
l’actuelle surmortalité des abeilles, des colonies entières peuvent mourir et vous laisser
démuni. Il est donc préférable d’avoir au moins trois ruches pour pouvoir anticiper les pertes
par des pratiques simples de division.
Pourquoi posséder un rucher ?
Tout simplement pour participer à la sauvegarde des abeilles. Faisons quand même bien la
différence entre les abeilles sauvages (plus de 20 000 espèces souvent solitaires) et abeilles domestiques, ces dernières étant celles utilisées par les professionnels et les amateurs, et qui sera toujours présente d’après ses fournisseurs.
Environ 4000 variétés de fruits et légumes n’existeraient pas sans la pollinisation, et 75
% de la production mondiale de nourriture dépend des insectes pollinisateurs.
Depuis une trentaine d’années, en France et un peu partout dans le monde, les populations
d’abeilles diminuent (localement jusqu’à 80 % de pertes de colonies). Plusieurs causes à ce
désastre : sur-exploitation et mauvaises pratiques, varroa (parasite originaire d’Asie et vecteur de maladies), appauvrissement de l’habitat et des ressources, pollution chimique (insecticides néonicotinoïdes), changement climatique, prédateurs invasifs (frelon asiatique), etc. Tout un ensemble de facteurs – parfois liés – qui fragilisent les abeilles et les déciment.
Dans ce domaine tout se passe d’ailleurs comme si nous étions incapables de donner
collectivement une réponse à ce problème. Les controverses n’en finissent plus et des intérêts économiques et idéologiques pèsent sans doute très lourd dans cet immobilisme…
Alors, si de plus en plus de particuliers pouvaient posséder des ruchers en les gérant
autrement et ainsi contribuer à sauver nos abeilles, nous pourrions éviter une future
catastrophe écologique. Souvenons-nous en outre que la spectaculaire mortalité des abeilles intervient dans le cadre d’un effondrement du vivant (6 e crise d’extinction des espèces) et que notre Terre ainsi que nos conditions de vie sont sous la responsabilité de tous et chacun.
Dans le futur proche, Stéphane est convaincu que nos abeilles nous étonneront encore et
apporteront d’autres bienfaits non découverts aujourd’hui. En effet, même si la nature est
fortement marquée par le développement humain, elle possède une grande résilience.
Pour lui, les abeilles sont un vecteur de reconnexion avec le milieu naturel (les abeilles vivent au rythme de la nature, du cycle des saisons, etc.) et une source de bien être profond. À chaque fois qu’il s’occupe de ses ruches, il ressent une forme particulière d’apaisement et une grande énergie… alors, pourquoi ne pas penser à une nouvelle thérapie de bien être avec nos amies butineuses ?