GROENLAND
Nos premiers pas en terre groenlandaise nous ont fait penser aux premiers pas sur la lune :
littéralement irréels ! Le sol que vous voyez sur cette photo est en réalité entièrement mou ! On a la
sensation de marcher sur un matelas en mousse qui rebondit ! Mais cela ne s’arrête pas là, dans
notre apprentissage de « ceci n’est pas ce que vous croyez ! ». Après un bref, mais impressionnant
tour en hélicoptère (seul moyen d’accès avec le bateau) nous arrivons au village (grande ville pour les
lieux). De jolies petites maisons en bois pittoresques de toutes les couleurs nichées au milieu des
fjords baignés d’Icebergs ! Waouh, plongée au Groenland profond, traditionnel et authentique ! …Et
non ! En fait toutes ces jolies maisons sont en fait d’inspiration danoise et ont été imposées
récemment en même temps qu’un changement de mode de vie radical. Les groenlandais sont passés
d’une vie de pêche et de chasse, vêtus d’une peau de phoque, maison en terre l’Eté en glace
l’Hiver…à l’I-phone, les gros 4X4, les Supermarchés mais aussi l’alcool et les maisons chauffés avec la
Le Groenland offre des paysages uniques et d’une beauté exceptionnelle. Les Inuits vivaient (et
vivent encore dans une certaine mesure, les promenades dans la nature et la pêche restant un must
pour le moment) en harmonie avec la nature qui leur fournissait tout ce dont ils avaient besoin : de
la terre, des pierres et/ou de la glace pour le toit ; pour se nourrir ? Des poissons, des baleines et
toute autre créature des eaux et des terres, des champignons et des fleurs (tout ce qui pousse est
comestible, non venimeux et extrêmement riche et délicieux !)… des chien-loup pour leurs
transports, des phoques pour leur nourriture et leur vêtements, leurs chaussures et leurs canoës… En
une génération et demie avec la prise de contrôle économique, politique et sociale du territoire par
le Danemark, ils sont désormais en train de se débattre avec un mode de vie nouveau, inconnu,
douloureux et inadapté. 90 % de chômage, une vie sous perfusion via les allocations sociales
danoises, pas d’infrastructure, ni la terre, ni l’espace pour vivre selon leur nouveau style de vie sans
dépendre de l’importation des produits hors de prix danois et norvégiens. Des produits tellement
différents de ce dont ils avaient l’habitude jusqu’ici : ceux-ci au lieu de disparaitre une fois jetés par
terre restent, et sont charriés par les vents partout dans la nature et finissent par créer des
montagnes de détritus ! Celle de la photo à 10 ans. Au moment de notre passage les Inuits avaient
pris une décision sur l’avenir de cette décharge à ciel ouvert : Retour à l’envoyeur ! Tout sera
rechargé sur des bateaux et …envoyé au Danemark.
Un pique-nique esquimau traditionnel : poissons séchés (pêchés et fait maison), de la viande de
phoque ou de baleine fraîche, du gras d’Orque et quelques pâtisseries maison. Le tout est
agrémentés de fleurs, plantes et champignons trouvés en chemin et doit être dégusté en bataillant
contre avec des moustiques géants…qui bien heureusement sont dérangeants mais ne piquent pas !
L’eau est claire et pure malgré les conséquences du nouveau style de vie moderne. Pour compléter
leur besoin en nourriture et leur permettre de faire survivre la famille, les Inuits n’ont pas d’autre
choix que de continuer à pêcher. Les produits modernes sont hors de prix et le chômage est tel qu’ils
n’ont souvent qu’un revenu : celui de l’épouse travaillant pour l’administration. Le mari s’attelant à la
pêche. Sinon ce sont les allocations, elles même insuffisantes. La pêche à la Baleine au Groenland n’a
rien à voir avec celle faite à échelle industrielle par des pays comme le Japon. Elle est essentiellement
et uniquement alimentaire et non pas économique : c’est l’une des seules sources de protéine
Cette femme est la dernière gardienne de la tradition inuit. Elle a combattu toute sa vie afin de
préserver la culture, les traditions et le mode de vie des esquimaux face aux colons. Elle porte ici la
coiffe traditionnelle des femmes groenlandaises ; symbole de son combat. Nous avons eu le plaisir de
rencontrer son petit fils et son arrière-petit-fils qui ont repris le relais en continuant de transmettre
l’Histoire et la culture inuit aux locaux et aux visiteurs.
« Cow Boy » et Augusta sont tous deux travailleurs sociaux. Ils nous racontent autour d’un plat
traditionnel de poissons (pêché la veille ensemble) la nouvelle vie des Inuits. « Du temps de nos
grands-parents, il n’y avait pas de cigarettes, l’alcool n’existait pas. Les gens se nourrissaient de la
nature et vivaient à son rythme, en nomade. Ils se connaissaient et s’entre-aidaient, les conflits et la
violence étaient extrêmement rares. Nous travaillons aujourd’hui dans une cellule de soutien aux
enfants de parents alcooliques, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Nous essayons de les protéger contre
leurs parents devenus violents et souvent incestueux, en les faisant sortir de leurs familles. Chaque
année, nous devons augmenter notre effectif de travailleur sociaux, mais cela ne suffit pas. Nous
sommes face à des problèmes de plus en plus important que nos grands-parents et même nos
parents n’ont jamais vécus !». Une de nos amies étrangère tombée amoureuse du pays et de ses
habitants nous avait raconté une expérience. Elle aimait beaucoup aller au night-club pour
rencontrer la population et sociabiliser. Elle y trouvait l’ambiance saine et bon enfant : les gens
sympathisent sans se draguer, de manière très respectueuse et joyeuse. Un soir, elle était restée un
peu plus tard que d’habitude : « Je n’aurais jamais dû rester si tard. Les Inuits ne supportent pas
l’alcool par nature, pourtant pendant ce genre de soirée tout le monde boit. Je n’étais jamais restée
assez longtemps pour comprendre pourquoi avant. Les Inuits si doux, si souriants, si insouciants,
prenant la vie avec légèreté et gaieté …une fois saouls se mettent tous à pleurer, se lamenter, à
gémir de désespoir. C’était très dur, de voir tant de souffrance. Comme un aveu, la conscience d’une
impasse, d’un no-future. ». D’année en année le taux de suicide augmente, mais les Inuits gardent le
sourire ! Résultat : des hommes et des femmes du monde entier qui tombent amoureux de leur pays,
de leur simplicité et de leur sens de la vie et qui quittent tout pour s’installer au pays du « demain j’irai…huppa » ! Pour